Les Pyrénées avec ALO : bis repetita

L'an passé nous avions passé une semaine dans les Pyrénées du côté de Saint Lary Soulan. Tous les participants avaient apprécié ce road trip à la découverte de paysages et cols aussi beaux à regarder qu'à pratiquer au volant d'une sportive.

Si bien qu'à la proposition de retourner cette année dans le même secteur nous avons tous apporté une réponse positive, alors que de nouveaux volontaires ont souhaité se joindre au groupe.

Le "camp de base" choisi a été le camping du Domaine O'Lanette, à Montauban de Luchon, tout proche de la célèbre station thermale de Bagnères de Luchon.  Ce qui fait qu'à vol d'oiseau, nous n'étions qu'à une vingtaine de kilomètres de notre villégiature de l'an passé, mais à une distance presque double par la route, car en montagne on ne passe jamais facilement d'une vallée à l'autre. Et une particularité de cette pointe sud du département de la Haute Garonne est qu'elle forme une mini enclave dans le département voisin des Hautes Pyrénées mais aussi du Val d'Aran de l'Espagne toute proche.

Avec les nouveaux venus joints au groupe de2022, le team ALO comprenait 12 véhicules. Il y avait bien sûr une majorité de Lotus, avec 8 bolides allant de L'Elise de base jusqu'à l'Evora 350 en passant par une palette variée des différentes configurations de l'Elise. S'y ajoutaient 2 Mazda MX-5. Et 2 engins inhabituels se sont faits tirés jusqu'à la destination finale sur remorque car inadaptés aux grands trajets : une Catheram configurée pour les courses sur circuit, et une moto Suzuki SV 650.

La grande majorité des participants a décidé en toute logique de se rendre jusqu'au lieu de rendez-vous final par les voies les plus directes. Trop simple a estimé Pascal, le grand frère, qui avait une relation liée à son autre hobby (l'aéromodélisme) à saluer au passage. Sauf que le quidam en question habite du côté de Montpellier. C'est l'occasion de faire du tourisme a été l'argument avancé pour convaincre deux olibrius de l'accompagner dans ce périple. Je suis l'un d'eux…

Si bien que pour être à bon port le samedi nous sommes partis dès le jeudi après-midi pour une première étape nous menant jusqu'à Les Ancizes-Comps aux portes de Clermont Ferrand.

Juste avant Les Ancizes nous avons fait halte au pied du viaduc des Fades, au-dessus de la Sioule et qui fut le plus haut pont du monde à son inauguration. IL détient encore le record mondial des plus hautes piles en maçonnerie traditionnelle avec 132 m qui supportent un tablier métallique. Il se traverse désormais en vélo rail à assistance électrique. En contrebas un barrage alimente une usine hydroélectrique.

Le lendemain, direction Sud pour descendre par la Haute Loire, le Cantal, la Lozère et la découverte de la Corniche des Cévennes.

Nous sommes arrivés en soirée à Montpellier. Dès le départ nous savions que le contact de Pascal ne pourrait être au rendez-vous initial, mais comme les hôtels avaient été réservés et payés… Et une petite anecdote qui fait suite à un arrêt dans un bar qui fait aussi camping et situé à une cinquantaine de kilomètres au nord de Montpellier. L'établissement est tenu par une femme acariâtre qui n'accepte que les espèces qui passent systématiquement au détecteur de faux billets. Et à l'entrée de l'établissement, un panneau met en garde les éventuels cambrioleurs !

Nous avons pris notre temps pour reprendre la route en suivant d'abord vers l'Espagne jusqu'à Narbonne avant de bifurquer vers Carcassonne puis notre destination finale atteinte en fin d'après-midi. Le camping du Domaine O'Lanette est d'accès facile et agréablement aménagé. Nos mobil homes, récents et fonctionnels, étaient situés dans la partie haute du terrain, tout proches d'une piscine lagon très appréciée.

Nous avons donc traversé de nombreuses régions touristiques à un train de sénateur. Mais on ne peut parler de tourisme car la longueur du trajet ne permettait que de courtes haltes

En fin de journée tous les équipages étaient arrivés à bon port pour débuter notre road-trip pyrénéen le dimanche. Par chance la météo s'annonçait très clémente pour la durée du séjour.

Dimanche 6 août

Pour cette première journée nous avons filé plein Nord par la route principale pour nous rendre à Saint Bertrand de Comminges, cité antique et médiévale, haut lieu d'art et de deux mille ans d'histoire. La ville haute possède de nombreuses constructions médiévales dominées par l'imposante cathédrale Sainte Marie. On y trouve notamment un orgue insolite car il s'appuie sur un angle de mur.

Pour le retour nous sommes passés par Mauléon Barousse  pour franchir le col du Port de Balès qui culmine à 1755 m. Il est à la frontière des Hautes Pyrénées et de la Haute Garonne et relie la Vallée de la Brousse à la Vallée d'Oueil. Les deux versants, très longs, sont  l'occasion d'en prendre plein les yeux. Comme de nombreux cols de la région il a vu plusieurs fois le passage du Tour de France. D'une pente moyenne de plus de 6 % sur 19 km il est parcouru aussi par de nombreux cyclistes amateurs.

De retour au camping et à l'occasion de notre premier pot en commun, Laure a offert à chaque équipage une céramique personnalisée appréciée de tous.

Lundi 7 août

Au menu de la journée sont inscrits plusieurs cols. Tout d'abord le col de Mente à 1346 m, très pentu pour aboutir plus bas au col du Portet d'Aspet par une route très sinueuse.

A ce niveau nous avons fait demi-tour en passant à chaque fois par St Béat-Lez pour pousser après Luchon par le col du Portillon à près de 1300 m et s'arrêter à la première ville espagnole de Bossost.

Située très près de la frontière c'est une ville très animée et commerçante. L'occasion d'y faire quelques achats et notamment la célèbre charcuterie hispanique à la réputation justifiée. Pour les fumeurs, c'est aussi le moment d'acheter du tabac à moins de moitié prix par rapport à ceux pratiqués en France.

Mardi 8 août

Nous avons refait des classiques de l'an dernier mais dans des conditions un peu différentes. Tout d'abord en guise d'amuse bouche nous avons franchi le col de Peyresourde à 1569 m pour faire une halte pique-nique au col d'Aspin.

Il y a beaucoup de zones pastorales dans ce secteur des Pyrénées où les animaux sont en totale liberté et les automobilistes sont invités à faire preuve de prudence car on peut trouver des vaches, des chèvres ou des ânes n'importe où, et notamment au détour d'un virage.

Le jour de notre arrêt au col d'Aspin, il y avait un troupeau de vaches conséquent dont une était particulièrement belliqueuse. Elle n'hésitait pas à aller fouiner à l'arrière d'un van dont les portes étaient ouvertes mais aussi à charger tous les piétons ou cyclistes qui l'approchaient d'un peu près. La scène était plutôt amusante. Nous avons même été bloqués une fois avec le veau qui tétait sa mère en plein milieu de la route !

Après le déjeuner nous nous sommes rendus à l'incontournable col du Tourmalet. Il y avait foule et contrairement à l'année dernière nous n'avons pas cherché à stationner au sommet et préféré descendre jusqu'en bas de l'autre versant qui présente de jolies courbes à enchaîner. Et d'en bas, on bénéficie d'une vaste vue, y compris sur le Pic du Midi de Bigorre.

 Après avoir rebroussé chemin, nous avons bifurqué pour atteindre la Hourquette d'Ancizan. C'est certainement un des plus beaux cols du secteur. Les paysages sont très variés selon le versant et alternent des passages en forêt majestueuse avec une vallée à la fois très ouverte et entourée de montagnes.

 Le panorama est superbe. Au passage nous avons reconnu le ruisseau de Camoudiet au bord duquel nous avions fait halte l'an dernier. Nous y avons aussi croisé des ânes qui nous ont bien fait comprendre que c'était eux les patrons !

Et comme nous en étions proches, nous avons fait un crochet par Gouaux pour aller saluer nos hôtes de l'an dernier, le Camping du Ruisseau. Ces retrouvailles éphémères ont été l'occasion de partager un moment très convivial.

Il ne nous restait plus qu'à reprendre le chemin du col de Peyresourde pour arriver au Domaine O'Lanette après un périple de 150 km.

Mercredi 9 août

De tradition, le mercredi est la journée libre par excellence où chacun peut faire à son idée même si pour les autres jours il n'y a jamais d'obligation à suivre le groupe.

Pour notre petit sous-groupe l'objectif principal était d'aller passer la matinée à la découverte de la station de Luchon et de son marché du centre-ville. Au grand dam de nos compagnes, les Thermes de Luchon sont en grands travaux de rénovation et seuls les curistes ont accès au bâtiment pour des soins. L'aspect thermo ludique et bien-être est resté au rang des fantasmes.

Pour le déjeuner nous avons décidé de monter jusqu'à la station de Superbagnères. Plutôt déserte et tristounette mais avec un restaurant sympathique qui offre une chouette vue sur les montagnes. Il s'agit d'une ancienne chapelle désacralisée et transformée en restaurant après 30 ans d'abandon. On y mange bien et l'accueil est aimable.

D'autres membres du groupe plus sportifs que nous (c'est pas difficile…), ont décidé de passer la journée en randonnée du côté du lac d'Oô. Pas très loin de Luchon, ce lac d'origine glaciaire, est lui-même alimenté par d'autres petits lacs de retenue. Il reçoit notamment l'eau du lac d'Espingo par une spectaculaire cascade de 275 m. Très profond il est associé à une centrale hydroélectrique et l'eau y est particulièrement fraîche. Il offre une très belle vue sur les sommets haut-garonnais.

Non loin de là, dans la vallée d'à côté, il y a deux curiosités qui méritent intérêt, le gouffre et la cascade d'Enfer.

En soirée, après l'incontournable apéritif, une soirée grillades en commun a été organisée. L'heure avancée et la nuit tombée ont conduit à installer la tablée dans une allée pour bénéficier de l'éclairage du camping.

Jeudi 10

Il s'agissait d'une grosse journée en perspective avec un tour conséquent en Espagne pour certains d'entre nous.

Après le passage obligé par le col du Portillon et la commune de Bossost, nous avons prolongé sur le Val d'Aran pour traverser la ville de Vielha, capitale de la région. De là nous avons d'abord pris plein Est en longeant, après quelques kilomètres, la très belle station de sports d'hiver de Baqueira-Beret. Les bâtiments s'intègrent parfaitement dans la montagne.

Nous avons alors entamé une grande boucle autour du Parc national d'Aigüestortes en poursuivant vers le Sud-Est jusqu'à La Guingueta d'Aneu où nous avons déjeuné.

Nous avions déjà un aperçu des grands dénivelés avec des montagnes de plus de 3000 mètres d'altitude entourant de larges vallées en U qui les traversent. Au-dessus de la végétation la géologie des roches leur donne par endroits un caractère très particulier.

Nous avons piqué ensuite plein Sud en passant par Rialp et Sort. A partir de là nous avons suivi la N 260 pour traverser Sort, Gerri de la Sal et atteindre le point le plus au Sud de notre excursion, vers La Pobla de Segur.

Nous avons alors entamé notre remontée par Senterada puis El Pont de Suert à partir de laquelle la N230 nous a ramenés à Vielha. La boucle était bouclée. Il ne restait plus qu'à rejoindre le camping après une promenade de 180 km sur de belles et bonnes routes.

Vendredi 11 août

Nous étions à la veille de notre retour dans l'Ouest et une journée de repos était la bienvenue. La matinée a été consacrée à d'ultimes achats à Bossost, principalement pour de la charcuterie et aussi pour quelques souvenirs plus futiles. Ce fut aussi l'occasion de prendre notre dernier repas à l'espagnole, en commençant par la Sangria, bien sûr.

Dans l'après midi la piscine a été le centre d'attraction pour certains d'entre nous.

Nous sommes rentrés à la maison par le chemin le plus court en alternant 4 voies, nationales et départementales dans d'excellentes conditions.

A l'heure du bilan j'exprimerai quelques réflexions.

En ce qui concerne le séjour tout s'est remarquablement déroulé. Les conditions de séjour dans le camping étaient confortables et agréables. Nous étions à proximité des commerces essentiels et entourés de nombreux centres d'intérêt. J'ai relevé près de 700 km au compteur en 6 jours pour découvrir des paysages qui valent le déplacement et des routes où les amateurs de conduite sportive peuvent se dégourdir les pistons. A l'occasion il s'est confirmé une évidence. Quand on a un gros déficit de puissance par rapport à d'autres, il est plus facile de suivre dans les descentes que dans les montées ! D'autre part, disposer d'un différentiel à glissement limité sur l'auto facilite grandement les sorties d'épingles alors qu'au quotidien sa présence est plutôt anecdotique.

J'ai été personnellement surpris par la réaction de nombreux motards croisés en montagne. Même si parfois la présence d'une moto pouvait l'expliquer, très souvent ils nous faisaient le signe du salut en levant la main. Sans doute parce que nous partageons des valeurs et une passion similaires.

Si nous partageons sans problème les routes de montagne avec les motards et les cyclistes très nombreux, il est une autre catégorie qui se fait de plus en plus présente également : celle des camping cars. La grande majorité des conducteurs se range quand cela est possible et qu'ils sentent bien que derrière il y a des autos qui aimeraient un rythme plus rapide. Qu'ils en soient remerciés. Une petite minorité semble prendre un malin plaisir à bouchonner le plus longtemps possible tout en parfumant les alentours d'odeur de mazout mal brûlé. Au moins on profite encore mieux du paysage mais ils ne font pas honneur à leur corporation ni à l'environnement. Il n'y a aucun problème avec les autos de "tourisme". Les locaux ont l'habitude de la montagne et ont un rythme la plupart du temps soutenu. Les autres se rangent volontiers et probablement parfois pour voir quel genre de bolides les suit !

Je termine en remerciant chaleureusement tous les membres d'ALO avec qui j'ai partagé cette semaine faite de moments de convivialité sincère, de franches rigolades et de quelques arsouilles défoulantes. Un merci tout particulier aux "fréros", organisateurs hors pair.

Mais je ne serais pas complet si je ne manifestais pas une reconnaissance sincère à tous les passagers et passagères de nos autos. Lorsque l'on lâche la bride quand les circonstances le permettent, il faut pouvoir supporter les accélérations répétées, les freinages de trappeurs, et les virages serrés qui secouent le "sac de sable" qui a bien voulu monter à bord. Plus d'un pilote soumis à ce régime demanderait à descendre. Alors que là, jamais une plainte (enfin presque…). Encore merci.

Crédit photo : le groupe

Avertissement au lecteur : les photos ne suivent pas toutes un ordre chronologique et certaines d'entre elles sont présentées sous forme de diaporama